La police du futur
De la surveillance généralisée à l’autocontrôle
Mathieu Rigouste
Dans Revue du Crieur 2018/2 (N° 10), pages 32 à 47
Robots autonomes, officiers connectés, reconnaissance génomique… l’innovation dans les équipements et moyens mis au service de la police ne semble pas connaître de limites. États et entreprises privées avancent main dans la main, développant un arsenal sécuritaire hypertechnologique, dans le cadre d’un marché mondialisé en forte croissance. Ces nouveaux dispositifs directement calqués sur le matériel militaire brillent d’ailleurs davantage par les bénéfices qu’ils permettent d’engranger que par leur efficacité réelle et leur infaillibilité technique. Ils sont toutefois rendus acceptables – voire désirables – aux yeux des populations par le biais d’une novlangue publicitaire et d’un marketing particulièrement soignés. La « police du futur » ouvre des perspectives orwelliennes : il ne s’agit pas seulement d’« optimiser » les équipements et les méthodes des forces de l’ordre, mais bien de poser les jalons d’un véritable panoptique policier qui a pour objectif d’aboutir à l’autocontrôle des populations.